Créé(e) 31/07/2022 Mis à jour 03/08/2022
31 juil
31 oct
2022
Notre étude parue dans Science le 29 juillet 2022, révèle pour la première fois, l’existence d’une collaboration entre un petit crustacé, l’idotée, et une algue rouge, la gracilaire, pour sa reproduction. Ces résultats suggèrent que les interactions animaux/végétaux pour la fécondation seraient bien plus anciennes que nous le pensions jusqu’à présent.

Chez les plantes à fleurs la reproduction sexuée dépend du transport des grains de pollen vers les organes femelles. Dans la majorité des cas (90% des angiospermes), ce transport est assuré par des insectes, le reste étant pollinisé par le vent. En revanche, dans le domaine marin, la dispersion se fait généralement par les mouvements d’eau et le rôle des animaux était considéré jusqu’à présent comme inexistant; Notre article paru dans Science montre que la présence d’un petit crustacé isopode Idotea balthica favorise la reproduction de l’algue rouge marine Gracilaria gracilis non seulement indirectement via son activité de nage et sa respiration branchiale mais aussi directement en transportant les spermaties.

C’est la première fois que ce type d’interaction entre une algue et un animal est mis en évidence ce qui ouvre de nombreuses questions et perspectives de recherche sur leur écologie et leur évolution. D’une part, cette découverte amène à s’interroger sur la nature de cette interaction : s’agit-il d’une relation à bénéfices réciproques ; et à rechercher si ces interactions existent chez d’autres espèces marines. D’autre part, ces résultats posent de nouvelles questions sur l’origine évolutive de cette interaction. Il est admis que la pollinisation par les animaux est apparue chez les plantes terrestres il y a environ 140 millions d’années. La découverte du rôle possible des animaux dans la fécondation chez certaines algues rouges dont l'origine remonte à plus de 817 millions d'années, suggère que cette interaction aurait pu survenir lors la diversification des métazoaires il y a environ 650 Mya, avant même que les plantes ne colonisent le milieu terrestre. Enfin, à l'heure où les milieux marins sont soumis à une forte pression anthropique, cette étude démontre l'importance de préserver non seulement les espèces au sein des écosystèmes, mais aussi les interactions entre espèces.

https://doi.org/10.1126/science.abo6661