Créé(e) 06/06/2023 Mis à jour 11/07/2023
08 juin
2023

Le travail de l’artiste Daniela Lorini est à découvrir le jeudi 8 juin, de 9 h 30 à 18 h, à la bibliothèque de la Station biologique de Roscoff, place Georges-Teissier. Entrée gratuite.

Au printemps 2022, quand elle débarque pour une résidence artistique d’un mois à la Station biologique de Roscoff, la plasticienne Daniela Lorini, 40 ans, native de La Paz, Bolivie, à 4000 mètres d’altitude, en sait très peu, elle l’avoue, « sur l’océan, le mouvement des marées, l’écosystème si particulier de l’estran et ce monde fascinant qui se cache sous la surface. » Encore émue par ce séjour si riche d’enseignements, elle raconte : « Très bien accueillie par tous les gens de la station, j’ai pu profiter de leurs connaissances, de leurs techniques — et de leur disponibilité ! — pour découvrir ces forêts sous-marines d’algues aux couleurs changeantes, et tous les organismes qu’elles abritent, comme les ascidies, de petits animaux filtreurs qui se regroupent en forme de fleurs… » Frappée par cette étrange beauté, elle se lance dans l’exploration de ces matières, ces formes, ces paysages.

Avec un hydrophone dont on lui explique le fonctionnement, elle enregistre les bruissements d’un champ de laminaires, les vibrations de l’eau au passage des poissons ou le claquement sec des coquilles Saint-Jacques. En mer, elle participe à la collecte de nombreuses variétés d’algues qu’elle observe, dessine, agrandit au microscope. Et qu’elle travaille ensuite : séchées, ou traitées à la glycérine pour qu’elles conservent leur élasticité, elle les tisse, les tresse, les coud, les peint, les fixe aussi en de magnifiques cyanotypes, un procédé photographique qui permet d’obtenir des tirages à l’échelle 1 dans les bleus et les verts.

Côté chercheurs, la présence de Daniela Lorini, comme d’autres artistes avant elle, dans les couloirs, l’aquarium ou les labos de la station constitue « un aiguilllon vivifiant » s’enthousiasme Philippe Potin, spécialiste des algues, directeur de recherche CNRS. « Leur regard neuf, selon d’autres critères, sur ce qui fonde le cœur de notre travail depuis des années est toujours pour moi une salutaire remise en cause. Leur approche poétique, leurs questions ingénues, leurs enthousiasmes me sortent de la logique purement rationnelle pour me replonger dans l’émerveillement qui m’a amené ici. Une cure de jouvence qui remet, j’en suis sûr, de la créativité dans ma recherche. »

Voir son travail : http://www.danielalorini.com/