Créé(e) 20/03/2017 Mis à jour 19/04/2017
20 mar
2017

Une équipe internationale menée par l’Université de Kaisernlautern, et incluant des océanographes de la station biologique de Roscoff (CNRS et UPMC), révèle une diversité insoupçonnée d’organismes unicellulaires eucaryotes (ou protistes) dans les forets tropicales. Selon leurs résultats, les protistes sont bien plus diversifiés que les champignons, les plantes, et même les animaux y compris les insectes. Les espèces de protistes dévoilées s’apparentent pour la plupart à des parasites apicomplexes, qui pourraient contribuer à générer la grande biodiversité animale en réduisant la taille de leurs populations. Ces travaux sont publiés dans la revue Nature Ecology & Evolution.

Les jungles tropicales sont célèbres pour leur extrême biodiversité d’organismes macroscopiques, plantes et animaux, et en particulier les insectes qui peuvent contenir des milliers d’espèces par hectare de foret. Mais qu’en est-il des organismes invisibles, et notamment des unicellulaires eucaryotes ou protistes, dont les expéditions Tara Oceans ont montré qu’ils étaient plus diversifiés que les bactéries ou les animaux dans les couches de surfaces des océans planétaires ? (voir aussi communiqué de presse du CNRS "Premiers résultats scientifiques de l'expédition Tara Oceans")

Pour répondre à cette question, les chercheurs ont appliqué l’approche ‘Tara Oceans’ d’exploration de la biodiversité eucaryote totale, du plus petit protiste aux animaux, par le séquençage massif de code-barres ADN à partir d’extraits de sol forestier. L’analyse de plus de 130 millions de code-barres provenant de 279 sites de prélèvement dans des jungles du Costa Rica, de Panama, et d’Equateur, a montré que, comme dans les océans, les protistes des forets tropicales sont bien plus diversifiés que les animaux, y compris les insectes souvent considérés comme les champions en la matière. Mais contrairement aux océans, l’échantillonnage de la biodiversité des protistes forestiers n’en est qu’à ses débuts, et les espèces dévoilées jusqu’ici ne représentent que la pointe de l’iceberg et sont de plus très éloignées de tout ce qui existe dans les bases de données de référence. Nous pénétrons donc une vraie jungle de biodiversité inconnue, et potentiellement le plus grand réservoir d’espèce de notre biosphère. Les analyses génétiques révèlent cependant que la majorité des code-barres ADN sont apparentés à des parasites apicomplexes, qui sont connus pour infecter les insectes, oiseaux, et autres animaux. Une partie de cette énorme diversité nouvelle pourrait donc contraindre la taille des populations animales, diminuant les phénomènes de compétition exclusive, et permettant l’extraordinaire diversification et co-existence des animaux observée aujourd’hui dans ces sanctuaires de biodiversité que sont les forêts tropicales.

 

Référence :

Parasites dominate hyperdiverse soil protist communities in Neotropical rainforests.
Frédéric Mahé et al. Nature Ecology & Evolution, le 20 mars 2017.
doi:10.1038/s41559-017-0091

 

Contact chercheur :

Colomban de Vargas, directeur de recherche CNRS au laboratoire Adaptation et diversité en milieu marin (CNRS/UPMC)
T 06  47 39 24 04
vargas@sb-roscoff.fr

Contact presse CNRS :
Alexiane Agullo l +33 (0)1 44 96 43 90 l alexiane.agullo@cnrs-dir.fr